Entretien avec Édouard Morice, directeur des Cours THALÈS.

Comment vous est venue l’idée de créer des cours adressés aux élèves des classes préparatoires ?

« Le fossé entre le secondaire et le supérieur est devenu considérable. »

J’ai moi-même suivi un parcours classes préparatoires – Grande École (Centrale), je suis également agrégé de Physiques et j’ai enseigné pendant 10 ans. L’idée de créer ces cours m’a été soumise par un de mes professeurs. Les cours particuliers n’étaient pas une pratique courante lorsque j’étais en prépa, mais le profil des élèves a changé : il y en a plus, et leur niveau est en moyenne moins élevé. Cette différence de niveau s’explique par le fait que le lycée les prépare moins bien aux exigences très élevées de la prépa : le fossé entre le secondaire et le supérieur est devenu considérable. Cette évolution est pour moi une tendance progressive depuis une dizaine d’années, avec les changements de programme successifs intervenus au lycée. De nombreux élèves sont donc peu armés pour la prépa et si on ne les aide pas, ils risquent d’être en difficulté quoiqu’il arrive, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il existe aussi, dans la préparation des élèves, des inégalités entre établissements et même entre classes : les compétences pédagogiques des profs de prépa sont variables même s’ils sont tous très bons dans leur matière. Or le rythme soutenu de la prépa nécessite beaucoup de pédagogie. Certains élèves sont donc sérieusement pénalisés. Or ils ne peuvent compenser cela en travaillant par eux-mêmes dans des livres parce qu’ils n’en ont pas le temps.

Quels besoins analysez-vous chez les élèves de prépa ?

Ils sont divers. Certains élèves en difficulté ont besoin qu’on leur réexplique des points de cours qu’ils n’ont pas ou ont mal compris ; d’autres élèves, dont le niveau est bon, demandent plutôt à être entraînés. Je remarque toutefois un dénominateur commun à tous ces élèves : ils sont dans une démarche d’efficacité, ils cherchent à gagner du temps en obtenant des réponses adaptées à leurs besoins et en résolvant des problèmes qui les empêchent d’avancer. Ainsi, les élèves qui ont besoin d’explications viennent nous voir parce qu’ils ne veulent pas perdre de temps à essayer de comprendre un point qu’on ne leur a pas suffisamment expliqué dans leur prépa, où les profs sont contraints par les programmes et ne sont pas toujours disponibles pour prendre le temps de répondre à toutes les questions. De manière générale, il existe des besoins importants dans les matières scientifiques, aussi bien en prépa scientifique qu’en prépa commerciale, et les élèves ont souvent besoin d’être soulagés par des apports complémentaires à ceux qu’ils reçoivent dans leur prépa.

Comment faites-vous pour répondre à ces différents besoins ?

Nous proposons des groupes de niveau, répartis entre groupes classiques, groupes étoilés et groupes double étoilés. Les groupes classiques sont ceux dont les élèves sont plutôt demandeurs de cours, les groupes étoilés sont davantage dans une logique d’entraînement, et les groupes double étoilés sont constitués d’élèves très forts, intéressés par le concours X – ENS, qui veulent aller très vite et faire des sujets très difficiles. La répartition des élèves au sein de ces groupes se fait en tenant compte de leur prépa d’origine mais aussi sur la base d’une auto-évaluation de chaque élève. 

Bien entendu, il reste des besoins auxquels nous ne pouvons faire face : certains élèves voudraient des cours particuliers, pour reprendre tel chapitre du programme alors que nous avons prévu de couvrir tel autre ; d’autres n’aiment pas le travail en groupe, alors que l’enseignement que nous proposons reste collectif : il faut savoir profiter d’un travail à plusieurs.

Avez-vous des méthodes d’enseignement particulières ?

« C’est le travail en petits groupes avec des professeurs extrêmement qualifiés et compétents qui fait l’efficacité de nos cours. »

C’est le travail en petits groupes avec des professeurs extrêmement qualifiés et compétents qui fait l’efficacité de nos cours. Nous ne sommes pas les seuls à proposer ainsi aux élèves de classes prépas des stages pendant les vacances ; mais souvent, soit les cours sont donnés par des profs très compétents mais à des classes de 40 ou 50 personnes, soit on trouve de petits effectifs mais dispensés par des étudiant.es. Nos cours se distinguent par un niveau très élevé et des effectifs réduits, qui n’excèdent pas la quinzaine d’élèves et permettent un travail interactif. J’insiste sur le soin que nous apportons au recrutement des professeurs : nous veillons à ce qu’ils soient à la fois très qualifiés et bons pédagogues. D’une certaine façon, nos élèves ne nous laissent pas le choix ! Leur niveau d’exigence est très élevé ; s’ils sont insatisfaits, ils n’hésitent pas à le faire savoir à la fin de leur 1ère journée de stage.

Y a-t-il un profil d’élève qui réussit ses concours ?

La réussite est quelque chose de relatif ! Certains seront déçus s’ils ne sont pas reçus à Polytechnique, d’autres se contenteront d’écoles moins prestigieuses. Pour réussir le plus beau concours parmi ceux auxquels on peut prétendre, il faut à mon avis travailler beaucoup et efficacement (même s’il existe une inégalité d’une personne à l’autre face aux disciplines scientifiques), et être capable d’accepter les coups durs sans céder sous le poids de la pression, donc avoir un minimum de solidité et de confiance en soi.