par Antoine Desjonquères, diplômé d'HEC, formateur en gestion mentale et responsable des stages de méthodologie des Cours du Parnasse.  

 

Qu'est-ce qui distingue la « tête de classe » abonnée aux 18/20 de l'élève qui plafonne à 11 ?

Le temps de travail ? Certainement pas : combien d'élèves s'acharnent en vain pendant des heures devant leur bureau pour des résultats médiocres… L'intelligence ? On n'en sait qu'une chose de manière certaine : elle est multiforme et difficilement mesurable. Un concept finalement assez flou… La méthode ? Certains semblent pourtant survoler leur lycée avec aisance sans trop se poser la question du comment. La réponse se trouve en fait dans nos têtes. Chacun a son propre « fonctionnement cognitif » face à l'apprentissage. Or certains fonctionnements sont naturellement adaptés aux exigences scolaires, quand d'autres en sont beaucoup plus éloignés. Pourtant, chacun a les ressources nécessaires pour apprendre par cœur une leçon ou un long cours, appliquer des règles complexes ou encore construire une bonne dissertation. Il s'agit seulement d'apprendre à connaître son fonctionnement et le canaliser pour réaliser pleinement son potentiel scolaire.

1 ère étape : « Connais-toi toi-même »

Pour ce faire, il faut entrer dans une démarche d'introspection qui consiste à « s'observer penser » en situation d'apprentissage. Que se passe-t-il spontanément dans ma tête quand j'essaye de mémoriser ? Quand je réfléchis ? Quand j'imagine ? À force d'observation, vous verrez des constantes se dessiner, qui sont vos « points d'appui naturels » : certains d'entre vous utiliseront des images mentales, d'autres des sons, ou des mouvements, peut-être des ressentis. Prenez conscience de ces points d'appuis, exploitez-les, enrichissez les ! Ils doivent être le point de départ de toute votre méthodologie de travail. Vous pourrez alors vous forger des armes d'une redoutable efficacité qui vous serviront toute votre vie pour optimiser votre concentration, mémoriser sans faille, ou encore tripler votre vitesse de lecture.

2ème étape : « À la recherche du temps perdu »

Commençons avec quelques chiffres : Vilfredo Pareto, auteur de la fameuse loi du même nom, a observé que dans de nombreux domaines, 20% des causes entraînent 80% des effets. Les études convergent pour montrer que l'apprentissage scolaire ou le travail en entreprise n'y échappent pas : pour beaucoup d'entre nous, 20% du temps de travail produit 80% des résultats ! Les meilleurs en calcul en concluront aisément qu'en isolant ces 20% et en les reproduisant, il est possible de faire augmenter son efficacité de 60% tout en réduisant son temps de travail de 60%. Comment y parvenir ? Il s'agit de traquer sans relâche les moments de flottement, d' « errance mentale » et autres temps morts qui polluent notre travail pour n'en garder que le meilleur. Pour cela, je vous propose une démarche simple en trois temps : objectifs, planification, évaluation.

Fixez vos objectifs :

Vers quoi tendent mes apprentissages ? Un devoir ? Mon Bac ? Un concours ? Faites la liste exhaustive et précise de tout ce que vous voulez maîtriser le jour j : l'ensemble des connaissances que vous souhaitez avoir en tête, et toutes les tâches que vous devez savoir mener. Déterminez le temps que vous souhaitez y consacrer chaque semaine. Par exemple : pour mon concours de Sciences Po, je dois connaître les X parties de mon programme d'Histoire de 1ère et de terminale, et maîtriser parfaitement la méthode de la dissertation.

Planifiez :

Déterminez très précisément ce que vous voulez avoir fait à la fin de chaque mois qui précède l'échéance. Pour le 1er mois, divisez le travail par semaine, et déduisez-en enfin un programme de travail quotidien très précis pour la première semaine.

Évaluez : 

L'étape la plus importante. Prenez quelques minutes pour faire une « rétrospective » de votre séance de travail. Qu'est-ce qui vous a bloqué, gêné, démotivé ? Qu'est-ce qui vous a au contraire porté, relancé ? Qu'avez-vous bien fait ? Bâclé ? Combien de temps étiez-vous vraiment concentré ? Faites de même sur la semaine entière, puis le mois etc. L'évaluation vous permet d'adapter votre méthode de travail – je constate que pour mémoriser, il est inutile de que je prolonge une session plus de 20 minutes sans pause, ma concentration ne suit pas – et votre planification – le mardi soir, après mes 8 heures de cours, prévoir 2 heures de travail n'était pas tenable. Vous pouvez ensuite revoir vos objectifs, à la baisse ou à la hausse ! À mesure que vous pratiquerez cette valse à trois temps, vous verrez votre programme de travail s'optimiser et se concentrer sur l'essentiel. Vos objectifs seront de plus en plus réalistes, et les moyens de les réaliser toujours plus pertinents et sûrs. Cette petite discipline vous fera entrer dans un cercle vertueux très gratifiant : vous aurez plus de temps pour les activités extra-scolaires indispensables à votre équilibre, votre motivation augmentera, et vous gagnerez en sérénité en sachant très précisément où vous allez et par quels chemins.

S’orienter c’est choisir et donc renoncer un peu. À ses rêves parfois, à une idée fabriquée de plus ou moins longue date souvent, à ce qu’on croyait être une vocation aussi...Cela demande un certain courage : pour beaucoup c’est la première occasion de se tenir debout face à son avenir, de réfléchir à sa personnalité pour construire un projet personnel et réaliste. Mais cela procure aussi une grande satisfaction, qui n’est pas sans rapport avec l’excitation du jeune conducteur qui quitte pour la première fois le siège du passager et passe au volant de sa voiture. S’orienter c’est s’informer aussi. Bien souvent, l’idée que l’on se fait d’une formation, de ses programmes ou de ses débouchés est tout à fait déconnectée de sa réalité. Dans ce premier numéro du Mag’ Après la Terminale,
vous trouverez des interviews sur la plupart des grandes filières de l’enseignement supérieur qui devraient déjà vous permettre d’y voir plus clair sur leurs exigences et leur offre académique. Cela dit ne vous en contentez pas. Les choix éclairés supposent de multiplier les sources d’informations : rencontrez des étudiant.es, interrogez des professionnels, assistez à certaines des conférences gratuites proposées par « Après La Terminale », lisez la presse ! Et si le coeur vous en dit découvrez le quotidien d’un étudiant pendant quelques heures, comme le propose le module « Vis Ma Vie d’Étudiant » présenté dans ce Mag’, pour confirmer ou infirmer vos intuitions ! S’orienter enfin c’est accepter d’écouter les conseils de ceux qui vous ont précédé dans ce maquis. En ce qui me concerne, si je devais vous transmettre trois conseils principaux, voici ceux qui me sembleraient fondamentaux :

  • Choisissez vraiment :

Il faut d’abord éviter le piège de l’orientation par défaut, qui consiste à se couler dans un moule qui n’est pas fait pour soi. Interrogez-vous en profondeur sur ce qui vous attire a priori, n’inventez pas de réponses trop hâtives pour vous débarrasser de vos doutes. Affrontez les questions que vous vous posez sans vous dérober : soyez certains que si vous essayez de les contourner elles reviendront un jour ou l’autre, et il faudra alors peut-être faire marche arrière, ce qui demande plus d’effort encore… Ce piège du « faux-choix » est en effet à l’origine de beaucoup d’échecs et de réorientations.

  • Choisissez librement :

Le choix d’un métier ou d’une formation engage parfois pour longtemps. Comme le champ des possibles est très large, il faut commencer par ne pas se fixer de contraintes, réfléchir librement, ne pas rejeter des voies qui paraissent a priori trop risquées ou trop ambitieuses. Demandez- vous quels sont vos rêves, et s’ils n’apparaissent pas clairement, dénichez- les ! Sans doute pouvez-vous commencer par réfléchir sur ce que vous aimez faire, en classe mais aussi à côté. Vos bulletins scolaires ne contiennent pas la réponse : certains adorent faire du commerce, d’autres rendre service, d’autres aiment imaginer et créer, et faire à leur façon. Ce n’est pas en regardant vos bulletins de notes que vous allez identifier ces qualités ! Si aucun métier ne vous attire tout de suite, demandez-vous déjà dans quel environnement vous avez envie de travailler.

  • Choisissez régulièrement :

L’orientation ne s’arrête pas après le bac. Continuez de vous poser des questions jusqu’à ce que vous soyez convaincu d’être dans la bonne voie : la vôtre !

Les interviews que nous avons sélectionnées allumeront peut-être quelques idées. Ce sont des cartes postales que vous écrivent ceux qui vous ont précédé dans les études.

Bonne lecture, et bonne orientation !