Entretien avec Benjamin Charignon, ancien élève en classe préparatoire économique et commerciale, diplômé d’HEC, agrégé de lettres modernes, ancien professeur de culture générale en classe préparatoire ECE à Saint-Louis de Gonzague (Franklin), membre du jury de l’épreuve de contraction de texte au concours d’HEC, directeur pédagogique des Cours du Parnasse.

Benjamin Charignon, vous avez été vous-même élève en prépa économique et commerciale. Qu'avez-vous retiré de votre scolarité en classe préparatoire ?

C'est en prépa que j'ai appris à travailler.

J’y ai appris à travailler ! A travailler beaucoup, et c’est important de savoir le faire : aucune réussite n’arrive sans travail, aux concours comme dans la vie professionnelle. Mais aussi, à bien travailler : les méthodes de travail efficaces que j’ai acquises en prépa me servent encore tous les jours, quinze ans plus tard. Et enfin, j’ai appris en prépa que le travail, j’aimais ça ! Le goût de la recherche, l'amour de l'étude et de la découverte intellectuelle, qui n’étaient qu’en germe au lycée, se sont épanouis et développés pendant mes années de classe prépa.

La prépa est-elle encore, aujourd'hui, la voie royale pour entrer en grande école ?

En tout cas, elle n'est plus un passage obligé pour entrer en grande école ! Il y a encore une dizaine d’années, quand on était un bon élève en terminale et qu’on voulait entrer en grande école, on ne se posait pas tellement de questions, on allait presque automatiquement en prépa. Cette époque est révolue : aujourd'hui la prépa subit la concurrence de Sciences Po, d'une part, qui attire beaucoup d'élèves de très bon niveau, et des admissions parallèles d'autre part, qui permettent à certains élèves de terminale de faire le choix de l'université, tout en sachant qu'ils entreront en grande école quelques années plus tard par la voie des admissions parallèles. Sans parler des universités étrangères, qui séduisent de plus en plus de bacheliers... La prépa a donc perdu la situation hégémonique qui était la sienne autrefois, mais je pense que c'est une très bonne chose, car tout le monde n'est pas fait pour aller en prépa.

Quel est le profil d'élève qui réussit en prépa ?

Le profil est double : à la fois scolaire et psychologique. Sur le plan scolaire, il faut être un bon élève, voire un très bon élève, doté d'une grosse capacité de travail, d’une vraie curiosité intellectuelle, et d'un profil généraliste, c'est-à-dire qu'il faut être à l'aise aussi bien dans le pôle scientifique que dans le pôle littéraire, en sciences humaines et en langues. Sur le plan psychologique, la prépa réussit à des élèves qui s'épanouissent dans le milieu scolaire, ont besoin d'un cadre de travail, et qui ont envie de relever le défi de la prépa. Il ne faut surtout pas entrer en prépa à contrecoeur, car on peut alors y être très malheureux !

La prépa a la réputation d'être un environnement très dur pour les élèves, qui s'y livrent une concurrence impitoyable. Qu'en pensez-vous ?

Les élèves se serrent les coudes, et cultivent un esprit d'entraide et de solidarité

C'est une légende ! La prépa n'est pas une jungle, les élèves ne sont pas là pour se tirer dans les pattes... Bien au contraire, ce que j'ai observé, en tout cas dans une prépa comme Saint-Louis de Gonzague (Franklin) où j'ai été professeur de culture générale, c'est que les élèves se serrent les coudes, et cultivent un esprit d'entraide et de solidarité qui leur permet de réussir ensemble, plutôt que les uns contre les autres. Bien souvent, on se fait en prépa des amis pour la vie !

Vous lancez le programme « Objectif Prépa » au sein des Cours du Parnasse, pour les lycéens de première et de terminale. Pourquoi faudrait-il se préparer à la prépa ?

Il ne s’agit surtout pas de faire entrer les lycéens en prépa avec un an ou deux ans d’avance : ils y entreront bien assez tôt ! Mais j’ai constaté au cours de mes études en prépa, et cela s’est nettement confirmé quand je suis devenu prof en prépa, que la plupart des élèves perdaient beaucoup de temps au démarrage : bien souvent, tout le premier trimestre de la première année, quand ce n’est pas la première année tout entière, sont perdus pour les élèves, car ils tardent à prendre leurs marques et à franchir le gouffre qui sépare les exigences du lycée de celles de la prépa. Et en prépa, quelques mois de perdus, c’est grave ! Ce retard se révèle parfois irrattrapable. Nous voulons donc donner aux élèves du lycée qui se destinent à la prépa des méthodes de travail qui leur permettront de faire un départ lancé, et de faire la course en tête pendant leurs deux années de classe prépa.

Pourquoi se lancer dès la première dans ce programme « Objectif Prépa » ?

C’est dès la première que se jouent les chances d’admission dans les meilleures prépas ! Les dossiers examinés par les prépas reposent sur les bulletins de notes des classes de seconde, première et terminale. Mais d’autres éléments du dossier entrent en jeu, qui ne sont pas moins importants ! Je pense notamment à la lettre de motivation, à laquelle il convient d’apporter un soin tout particulier, tout en restant personnel et spontané. Le choix des prépas auxquels on présente sa candidature est également crucial. Au-delà des aspects scolaires, nous accompagnons nos élèves dans toutes ces dimensions de l’avant-prépa.

Un dernier conseil pour les élèves qui entreront en prépa à la rentrée ?

Profitez bien de votre été ! Prenez l’air, reposez-vous, profitez de vos familles et de vos amis… Et arrivez frais et dispos à la rentrée, vous aurez besoin de toute votre énergie pour faire une bonne année de prépa !