Entretien avec Benjamin Charignon, professeur agrégé de lettres modernes, directeur pédagogique des Cours du Parnasse.

Benjamin Charignon est diplômé d’HEC et agrégé de lettres modernes. Il a enseigné plusieurs années au lycée, en classe de première, et en classe préparatoire à Saint-Louis de Gonzague (Franklin). Il dirige Les Cours du Parnasse, qui lancent cette année une préparation aux épreuves écrites et orales du bac français.

Benjamin Charignon, vous lancez des stages de préparation au bac de français au sein des Cours du Parnasse, un institut qui accompagne les lycéens dans le tournant des études supérieures. En quoi les épreuves anticipées de français du bac ont-elles un impact sur la réussite des études supérieures ?

Les notes obtenues au bac de français sont regardées de très près par les jurys des filières sélectives, comme les classes préparatoires et Sciences Po Paris. Pour avoir examiné des centaines de dossiers lorsque j’enseignais en classe préparatoire ECE à Saint-Louis de Gonzague (Franklin), je peux vous dire que les notes des épreuves anticipées du bac figurent sur la première page du dossier de candidature en classe prépa, et que le comité de sélection y prête une grande attention, parmi d’autres indices comme l’avis du chef d’établissement ou les bulletins de notes. De même, au concours d’entrée au Collège universitaire de Sciences Po Paris, le dossier compte à lui seul autant que les trois épreuves écrites réunies, et les résultats du bac de français sont un élément important de ce dossier. L’enjeu du bac de français, ce n’est donc pas l’obtention du bac, qui n’est plus un problème pour personne, ou presque : il s’agit d’obtenir de très bonnes notes pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, dans la perspective de l’après-bac.

Quel est votre pronostic sur les sujets qui vont tomber en 2015 à l’écrit du bac de français ? 

Je ne suis pas Nostradamus ! Et surtout, la réussite de l’écrit du bac français ne se joue pas essentiellement sur la connaissance préalable de l’objet d’étude qui va tomber, mais sur la maîtrise de la méthode de la question sur corpus et des trois exercices techniques que sont le commentaire, la dissertation et l’écrit d’invention. C’est sur l’acquisition de cette méthode, et sur la mise en situation qui permet de se l’approprier, que nous concentrons nos efforts lors des stages organisés par Les Cours du Parnasse. Mais s’il faut livrer un pronostic, je dirais que le théâtre («  Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours ») a de bonnes chances de tomber en S et ES, car cela fait bien longtemps que cet objet d’étude n’est pas sorti. En second choix, je parierais sur le thème de l’argumentation («  La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVIème à nos jours »), qui n’est pas tombé depuis 2010 en S et ES.

L’oral compte autant que l’écrit au bac de français. Quels conseils pouvez-vous donner aux élèves pour qu’ils réussissent cette épreuve orale ?

Le premier conseil, c’est de connaître son cours. C’est la base ! Vous ne devez faire aucune impasse, et connaître votre cours par cœur, sur chacun des textes présentés. Mais le deuxième conseil, symétrique du premier, c’est d’être capable de vous détacher du cours, le jour J, pour adapter vos connaissances à la question posée sur le texte. Trop d’élèves ne font que réciter machinalement un cours appris par cœur, sans faire l’effort de produire une réponse réfléchie et personnelle à la question posée par l’examinateur. Or c’est justement ce qui fait la différence entre une prestation moyenne et un très bon oral : dans le second cas, le candidat connaît tellement bien son texte et le cours qui va avec, qu’au cours de la préparation il peut se concentrer sur la composition d’une réponse ad hoc. Mon troisième conseil consiste à s’entrainer régulièrement à cet exercice original, souvent déroutant, qu’est l’oral de français du bac. Bien souvent, les oraux blancs organisées au sein des lycées ne sont pas suffisants, ils ne permettent pas aux élèves de se présenter sereinement devant le jury. C’est aussi pour cela que nous consacrons une partie importante des stages de préparation au bac de français, aux Cours du Parnasse, aux simulations d’oral en petits groupes. En multipliant ces simulations avec des professeurs expérimentés, les élèves progressent beaucoup d’une fois sur l’autre. Ils tirent aussi un grand profit des simulations des autres élèves, auxquelles ils assistent en tant qu’observateurs critiques.