Entretien avec Annabelle Girardet, ancien chargé de travaux dirigés à l’université, professeur de droit privé au Cours d’Assas

Annabelle, vous donnez des cours de droit privé dans des prépas juridiques depuis maintenant 10 ans et vous avez rejoint le Cours d’Assas il y a deux ans. Vous connaissez donc parfaitement le fonctionnement de la licence de droit à Assas, et de l’université en général. Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les étudiant.es en première année de droit ?

Les étudiant.es souffrent avant tout d’un problème d’organisation. Leurs années de lycée ne les ont pas du tout préparés au rythme de l’université, avec ses examens terminaux, les fameux « partiels » de janvier et de juin. Au lycée, la révision est régulière avec des DST récurrents qui permettent d’assimiler les notions au fur et à mesure de l’année. Alors qu’à la fac, il y a parfois un galop d’essai (examen blanc), mais il arrive souvent à la fin du semestre et les étudiant.es n’ont pas fait la démarche de réviser régulièrement ; ils sont débordés quand arrive le galop ou l’examen. Le bachotage tardif ne peut pas être efficace. Il y a aussi et surtout un problème de méthode. Le droit suppose des connaissances mais aussi une bonne maîtrise de la technique des exercices que sont la dissertation juridique, le commentaire d’arrêt et le cas pratique. Lorsque cette méthode fait défaut aux étudiant.es, ils ont beau avoir appris leur cours consciencieusement, ils n’arrivent pas à atteindre la moyenne.

Quels conseils pouvez-vous donner aux étudiant.es qui débutent leur première année de droit ?

Commencer par assister aux cours, dans les matières fondamentales comme dans les complémentaires, tout au long du semestre. Cela paraît évident mais croyez-moi, c’est loin d’être évident pour de nombreux étudiant.es qui se laissent piéger par la liberté apparente qu’offre l’université. L’absentéisme est une tentation à laquelle il ne faut pas succomber, sous peine de s’en mordre les doigts à l’approche des partiels. Mais être présent en cours ne suffit pas : j’encourage aussi les étudiant.es à préparer très sérieusement, chaque semaine, leurs fiches de TD, afin de se garantir une très bonne note de participation, élément décisif pour la note de contrôle continu qui vaut elle-même pour la moitié de la note sur une matière donnée. Participer en cours permet de sortir de l’anonymat et de se faire bien voir de votre chargé de TD, c’est une des clés de la réussite ! Sans compter qu’il est toujours agréable et constructif de participer en cours, plutôt que de subir. 

Vous participez comme enseignante aux stages de pré-rentrée du Cours d’Assas. À quels profils d’étudiant.es s’adressent ces stages de pré-rentrée ? 

Le Cours d’Assas d’adresse à tous les étudiant.es : les plus ambitieux, qui souhaitent obtenir des mentions et pouvoir ainsi prétendre par la suite aux meilleurs masters ou doubles cursus, mais aussi aux étudiant.es qui rencontrent plus de difficultés et qui ont besoin d’un accompagnement méthodologique, et d’un cadre stimulant, convivial et rigoureux pour travailler dans les meilleures conditions.

À quoi servent les stages de prérentrée du Cours d’Assas ?

Prenons le stage de pré-rentrée qui a lieu en septembre, juste avant la rentrée en première année à l’université. Il a lieu après une longue période de vacances, comme on n’en connait qu’à l’université, et qui représente une vraie phase de déconcentration pour les étudiant.es. C’est donc une façon de se remettre en route après 3 mois de vacances. Les étudiant.es se familiariseront avec le vocabulaire juridique qu’ils ne connaissent pas, l’organisation judiciaire et certains outils nouveaux pour eux. Par exemple, ils apprendront à utiliser le Code civil, ce que l’on ne fait jamais à l’université. Les étudiant.es apprendront également à lire des décisions de justice, des arrêts. Ils commenceront à travailler sur les exercices juridiques : fiche d’arrêt, cas pratique, commentaire d’arrêt, dissertation. Ces exercices seront traités dès les premières semaines de TD. De même, les grands thèmes du cours de première année sont abordés et permettent d’avoir une première vision de la matière, facilitant ainsi leur compréhension en cours magistral et de prendre de l’avance. Enfin, le stage est aussi l’occasion d’aborder le fonctionnement d’un nouvel environnement qui est celui de l’université. Cet environnement comporte des codes bien particuliers qu’il faut maîtriser pour entamer sereinement une première année de droit.

Quel est votre objectif pédagogique, en tant que chargée d’enseignement au Cours d’Assas ?

« Les étudiant.es sont certains d’être bien préparés, d’avoir compris les documents et de pouvoir participer en TD. »

Je souhaite avant tout apporter une bonne réponse aux difficultés que rencontrent les étudiant.es en droit en général, et en L1 en particulier. D'abord, le Cours d’Assas permet de préparer ses TD. Les étudiant.es sont certains d’être bien préparés, d’avoir compris les documents et de pouvoir participer en TD. Ils sont aussi en confiance avec un professeur à qui ils peuvent poser des questions facilement, contrairement à l’université où les étudiant.es n’osent pas poser des questions ou n’en ont tout simplement pas la possibilité matérielle.

Quel est votre meilleur souvenir d’enseignement ?

J’ai croisé dans la rue une ancienne élève. Elle était avec sa mère et elle m’a présentée à sa mère comme celle grâce à qui elle avait réussi son droit civil. J’étais très heureuse pour elle et très fière. D’une manière générale, les messages d’étudiant.es annonçant leur réussite et me remerciant font partie des meilleurs souvenirs et c’est la raison pour laquelle j’aime ce métier.