Il existe aujourd’hui deux voies d’accès aux Grandes Écoles de commerce : les classes préparatoires économiques et commerciales, qui permettent aux étudiant.es d’intégrer la première année d’un programme Grande Ecole après deux ans de prépa, et les admissions parallèles, qui permettent aux étudiant.es qui ne sont pas allés en prépa après le bac mais qui ont fait le choix de l’université, du BTS ou de l’IUT, d’intégrer ces mêmes programmes « Grande Ecole » en première année (concours AST1) ou deuxième année (concours AST2).   Alors, de la prépa ou des admissions parallèles, quelle est la meilleure rampe de lancement vers les Grandes Ecoles de commerce ? mes-etudes.com a demandé à deux figures emblématiques de chacune de ces deux filières de monter sur le ring pour défendre les couleurs de la prépa (Matthias) et des admissions parallèles (Aimery). On refait le match.   Matthias Fegyveres est diplômé d’HEC, une école qu’il a intégrée par la voie la plus traditionnelle : celle des classes préparatoires. Il est aujourd’hui le directeur d’Euler Prépa, un institut qui propose aux élèves inscrits en prépa des cours intensifs de renforcement en mathématiques.   Aimery de Vaujuas  a intégré l’EMLYON par la voie des admissions parallèles, après un Master de droit privé à l’université d’Assas. Il est le directeur d’Admissions Parallèles, la prépa de référence sur les concours d’admission sur titre en Grande École.

  • La prépa pour les bons élèves, les admissions parallèles pour les mauvais ?

Aimery : Je ne crois pas qu’il y ait des bons ou des mauvais élèves : on a tous des moments de gloire à des moments différents… Je reconnais que le mien n’était pas au lycée, mais il est venu plus tard, quand j’étais à la fac, à la suite de laquelle j’ai intégré l’EMLYON par la voie des admissions parallèles. Les admissions parallèles, ce n’est pas la voie des mauvais, c’est la voie des malins !

Matthias : C’est vrai que la prépa est réputée pour être une filière d’excellence, mais je connais des élèves qui ont eu une mention passable ou assez bien, qui ont réussi à faire leurs deux années de prépa et qui ont intégré HEC, l’ESSEC, l’ESCP… donc tout est possible ! C’est juste une question de volonté et de travail.

  • AST (Admis sur Titre) = Admis Sans Travailler ?

Aimery : Rappelons que les admissions parallèles s’adressent à des gens qui ont déjà validé 2,3 voire 4 années, donc qui ont déjà travaillé plus que ceux qui passent par une classe préparatoire. Ayant intégré l’EMLYON après ma 4ème année, j’avais beaucoup plus travaillé qu’un élève ayant fait 2 ans de prépa. Et si on regarde bien les épreuves, celles qui composent les admissions parallèles sont très sérieuses. Le TAGE MAGE, par exemple, est un test qui fait bien rire les élèves de prépa, pourtant je les mets au défi d’avoir plus de 400 ! En entretien de personnalité, les jurys sont beaucoup plus exigeants avec les candidats aux admissions parallèles qu’avec les élèves issus de prépa, dont ils n’attendent pas grand-chose en termes de projet professionnel…

Matthias : Alors là tu me fais bien rigoler : intégrer une école de commerce après la fac, c’est du boulot ?… Peut-être, mais rien à voir avec celui qu’on fournit en passant par la prépa : rien que les concours, en eux-mêmes, durent 3 semaines. 4h le matin, 4h l’après-midi, c’est un vrai marathon… Avoue que c’est autre chose que les deux heures de TAGE MAGE que passent les candidats aux admissions parallèles !

  • HEC (1ère dans les classements) après prépa, contre EMLYON (4ème dans les classements) par les admissions parallèles : aurait-on moins de chance de viser le haut du panier en admission parallèle ?

Aimery : Il est vrai qu’EMLYON, Audencia et l’EDHEC, offrent plus de place en admission parallèle que les trois écoles parisiennes (HEC, ESSEC, ESCP), mais étant donné la dynamique actuelle, je suis persuadé que ça va changer très rapidement. Aujourd’hui, 50% des diplômés des grandes écoles sont issus des admissions parallèles. Les écoles veulent des candidats d’un autre genre.

Matthias : C’est vrai que les écoles prennent de plus en plus de monde, de toutes les filières, mais il reste indéniable que la prépa demeure aujourd’hui la filière d’excellence pour intégrer les trois meilleures écoles (HEC, ESSEC, ESCP), aucun doute là-dessus. Il y a moins de place dans ces écoles pour les admissions parallèles que pour les préparationnaires, c’est mathématique !

  • Une fois en école, les AST sont-ils moins bien intégrés au sein de la promo ?

Aimery : Autrefois c’était peut-être vrai car il y avait peu d’élèves entrés par les admissions parallèles, ils étaient montrés du doigt, considérés comme « les grugeurs ». Aujourd’hui on est tellement nombreux qu’on s’intègre parfaitement : à l’EMLYON, il y a 270 admis sur titre, ce qui fonde un bel esprit de promo. De plus, il y a beaucoup d’associations qui continuent de sélectionner des étudiant.es en Master. De mon côté, je peux vous dire que je n’ai pas raté une seule soirée étudiante et que j’ai passé en école les meilleures années de ma vie !

Matthias : Il faut avouer qu’il y a parfois des aprioris de notre part, mais nous sommes des gens très ouverts, donc on accueille tout le monde…

  • La fac : le club med ; la prépa : le bagne ?

Aimery : La fac, ce n’est pas exactement le Club Med. Il y a effectivement peu de cours obligatoires mais il faut s’astreindre à travailler chaque semaine ses TD pour avoir une chance de valider. C’est peut-être synonyme de liberté quand on voit ça de loin mais en réalité, ça nous oblige à nous autonomiser, à aller travailler en bibliothèque… Nous au moins, si on se lève le matin, c’est parce qu’on en a envie, pas parce qu’on est obligé ! S’il n’y a que 28% des étudiant.es qui valident leur licence en 3 ans à la fac, cela prouve bien que les parcours universitaires sont très sélectifs et que ce n’est pas le Club Med.

Matthias : En général, la prépa a la réputation d’être le bagne, mais ce n’est pas vrai. On est là pour travailler et on le sait. On aime travailler, on va donc beaucoup travailler, au lycée, à la maison, mais comme on aime ça, ce n’est pas un souci. Et puis, personne ne nous a forcés !

  • Au final, quel(s) diplôme(s) ?

Aimery : Vous voulez que je vous parle de mes diplômes ? Celui que j’ai obtenu à l’EMLYON, c’est le même que celui de ceux qui ont intégré par la prépa. Le même ! Sauf que moi, j’en ai un autre… celui que j’ai eu avant d‘entrer en école : mon diplôme de droit. Cela fait donc de moi un double-diplômé, et par conséquent, mon CV… est plus rempli !

Matthias : Ce n’est pas vrai de dire qu’on n’a rien après une prépa. S’il est vrai qu’elle ne débouche pas sur un diplôme en cas d’échec aux concours, il existe des équivalences pour rejoindre directement une 3ème année de licence. Quand bien même on se retrouve à la fac, au moins on a appris à bosser correctement avant !

  • Ces deux parcours ont-ils une différence aux yeux des recruteurs ?

Matthias : Alors, on a peut-être le même diplôme, mais on n’y est pas arrivé par les mêmes moyens et il est clair que les recruteurs, qui sont souvent des anciens des grandes écoles, font très bien la différence entre un élève qui est passé par la prépa, et un qui est passé par la fac. Et pas toujours en faveur de la fac…

Aimery : Pas d’accord ! Les recruteurs veulent des profils complets et variés, des gens qui ont fait des choses. Le « polard » qui est passé par la prépa et qui, évidemment est entré en école parce que c’était la suite logique, ne s’est jamais interrogé sur ce qu’il voulait faire. Il a moins de relief.