Entretien avec Till Gins, fondateur de OISE, organisateur de séjours linguistiques à l’étranger

Né d'un père français et d'une mère anglaise, vous avez, très tôt, grâce à votre double culture, su saisir les blocages des Français avec les langues étrangères. Comment les expliquez-vous ? 

Ma double culture m’a effectivement permis de mieux appréhender les difficultés des étudiant.es français dans leur apprentissage des langues vivantes. Cela dit, ce sont surtout mes quarante années d’expérience à la tête d'OISE (acronyme d’Oxford Intensive School of English) qui m’ont permis de valider mes premières intuitions. Chez OISE Séjours Linguistiques, nous organisons, depuis 1973, des séjours linguistiques dédiés à l’apprentissage des langues étrangères en petits groupes ou en tutorial. Or, à force de voir passer dans nos classes des étudiant.es de toutes nationalités, j’en ai tiré un certain nombre de conclusions concernant spécifiquement les Français.

Quelles conclusions ? 

La principale conclusion c’est que le Français est pétri d’inhibitions. Je trouve littéralement fascinant que des étudiant.es qui maîtrisent parfaitement la grammaire, la syntaxe et les conjugaisons de langues étrangères qu’ils ont étudiées durant 8 ans au collège et au lycée, puissent répondre qu’ils sont incapables de parler cette langue. Je n’y crois pas ! Le Français n’est ainsi pas mauvais en langues, mais il a peur du ridicule. Et ce blocage psychologique est tellement ancré dans la mentalité nationale qu'il a le plus grand mal à se lancer à l'oral, à prendre des risques, à se faire confiance. Ainsi, le Français manque de spontanéité et préfère calculer à l'avance ce qu'il va dire ou tout simplement se taire, pour éviter de faire une erreur.

Pourquoi le système éducatif français n’arrive-t-il pas à former correctement les Français aux langues étrangères ?

En réalité, je crois que le système éducatif n’y est pas forcément pour grand-chose. Le problème est culturel. Les Français ont moins tendance à récompenser l’effort qu’à se moquer de l’erreur. Cela irradie dans toute la société française. Ainsi, les entrepreneurs français ne craignent rien tant que l’échec, qui est vécu dans bien d’autres cultures comme une expérience enrichissante alors qu’il est parfaitement stigmatisant en France. De la même manière, en cours de langue, les élèves préfèreront faire les imbéciles à l’oral plutôt que de s’essayer à parler avec un bon accent et dans un anglais correct, car en faisant l’imbécile on n’est jamais moqué : on fait rire. Si je devais quand même pointer une erreur du système éducatif français, c’est qu’il sacralise le sans-faute, même à l’oral. Or apprendre à parler dans une langue étrangère suppose de la spontanéité et de l’enthousiasme ce qui est justement antinomique avec l’idée de sans-faute. 

Que préconisez-vous alors ? Faut-il partir faire un stage linguistique à l’étranger pour maîtriser une langue ?

Je ne vais naturellement pas critiquer les séjours linguistiques, puisque nous en organisons. Au-delà d’une immersion dans un environnement anglo-saxon c’est la prise de risque devant une assemblée, les débats engagés sur un sujet donné, les travaux d'équipe… qui permettent le mieux de progresser et de révéler la personnalité de l'apprenant dans une nouvelle langue. Bien sûr, de tels stages de langue dans le pays en question sont nettement plus motivants et permettent d’avancer plus vite. L’essentiel, c’est de se forcer à parler quitte à faire des fautes. La progression vient ensuite naturellement grâce à l’échange et à l’écoute.

A qui s’adressent les stages OISE ?

Dans le cadre de nos formations, nous accueillons nombre de lycéens, d’étudiant.es et d’élèves des classes prépas, sur nos campus de Bristol, Oxford, Heidelberg, Ségovie … Grâce à notre longue expérience et à notre grande expertise sur le baccalauréat et l’ensemble des concours du supérieur, nous savons adapter nos enseignements, en petites classes, aux exigences méthodologiques et aux besoins de chacun.