Entretien avec Cécile, en dernière année à l'Ecole Centrale de Marseille 

Cécile, 23 ans, est en dernière année d’études à l’Ecole Centrale de Marseille, qu’elle a intégrée après avoir fait une classe préparatoire scientifique. Elle revient sur son parcours pour partager son expérience avec mes-études.com. 

Bonjour Cécile, peux-tu nous résumer rapidement ton parcours depuis le bac à aujourd’hui ?

J’ai passé mon bac S-SVT et j’ai fait trois ans de prépa scientifique par la suite. J’ai opté pour une MPSI au lycée Fénelon à Paris, suivie de deux ans en MP* dans ce même lycée. J’ai intégré Centrale Marseille en septembre 2013 et je suis actuellement à un mois de débuter mon travail de fin d’études, qui sera la dernière étape avant d’obtenir le diplôme d’ingénieur Centralien. 

Pourquoi une prépa et pas une école post-bac ?

L’idée de m’engager pour 5 ans dans une école me faisait un peu peur. Comme je l’avais déjà fait en choisissant de faire un bac scientifique, je voulais me laisser le maximum de portes ouvertes en faisant maths sup/spé. De plus, ma grande sœur avait également fait une prépa et intégré une très bonne école de commerce, l’EM Lyon. J’avais envie de suivre une voie similaire, tout en étant consciente que je m’apprêtais à vivre deux ou trois années intenses.

Je voulais me laisser le maximum de portes ouvertes en faisant maths sup/spé.

Comment as-tu vécu tes années de prépa ? 

Étonnamment bien ! Fénelon n’était pas mon premier choix : j’avais demandé une MPSI à Saint-Louis (Paris) et Condorcet (à Paris également), mais je suis ravie d’avoir fait mes trois ans de prépa là-bas. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’il n’y ait pas énormément de classes préparatoires scientifiques (3 sup, 3 spé), on est loin de l’effet « usine à taupins ». De ce fait, l’esprit concours n’était pas trop prononcé au sein de notre classe. Je me suis fait de très bons amis durant ces 3 ans, et je pense que c’est ce qui m’a permis de garder un excellent souvenir de la prépa, et notamment de la 3ème année, la 5/2 (nom donné à l’année de redoublement). On allait souvent travailler à la bibliothèque ensemble, entre 5/2. Même si ce n’est pas le genre de soirée qui fait rêver, j’aimais beaucoup aller travailler avec eux, on pouvait s’aider mutuellement, faire nos Devoirs Maison, et faire des pauses ensemble ! 

Phase concours : comment cela s’est-il passé et comment as-tu choisi ton école ? 

En 3/2 (2ème année), je ne me sentais pas prête à intégrer une école d’ingénieurs. Je savais que je pouvais atteindre un meilleur niveau après une année supplémentaire de prépa, donc je suis allée assez sereinement aux concours, même si cela reste très fatigant. Je l’ai vécu comme un premier essai, un crash-test pour savoir à quoi m’attendre en fin de 5/2.
Et lorsque cette fin de 5/2 est arrivée, je savais que c’était synonyme de fin de prépa et que j’allais forcément intégrer une école, j’étais donc motivée pour viser les meilleures. Le label Centrale m’attirait tout particulièrement, en partie pour son côté généraliste. Encore une fois, l’idée de de me spécialiser dans un seul domaine pendant 3 ans ne m’enchantait pas particulièrement. Au terme des écrits, je n’avais que Centrale Marseille. En me renseignant un peu sur les statistiques concernant la barre des écrits et la barre des oraux pour Centrale Marseille, je savais que j’avais beaucoup de chances d’y être admise donc je me sentais en confiance au moment des épreuves orales, et je pense que cela a joué en ma faveur. Comme c’était la seule Centrale à laquelle j’étais admissible, je l’ai mise sans hésiter dans mes premiers choix et je l’ai acceptée au premier tour des résultats d’admission. 

Raconte-nous ton entrée à Centrale Marseille.

C’est un de mes meilleurs souvenirs ! J’appréhendais un peu car je ne connaissais personne mais les Centraliens avaient tout préparé pour l’intégration des nouveaux élèves de première année. Pendant tout le mois de septembre, il y a de quoi s’occuper et apprendre à connaitre les gens de sa promo, tant au niveau scolaire qu’associatif : des rencontres sont organisées avec les élèves des années supérieures pour découvrir les parcours qui nous sont proposés à l’école, chaque association prévoit un goûter, une petite animation à l’heure du déjeuner, des sorties à la plage… Je ne me suis pas ennuyée !

Marseille, loin de ta ville natale, pas trop dur de couper les ponts ?

Pas tant que ça. J’étais contente de quitter la grisaille parisienne pour le soleil méditerranéen. J’avais un peu peur à l’idée de vivre toute seule, loin de ma famille et de mes amis… mais finalement, on peut tellement s’impliquer dans la vie de l’école qu’on n’a pas le temps d’y penser. Surtout quand on peut aller à la plage après cours ! En plus, Paris est accessible en seulement 3h de train, pas de souci pour passer un week-end à la maison dès que l’occasion se présente. 

Qu’apprend-on en école d’ingénieurs ? Comment se déroulent les cours ?

Les écoles du groupe Centrale sont un peu particulières à ce niveau-là, notamment à cause de leur statut d’école généraliste. En première année, la quasi-totalité des cours fait partie d’un tronc commun qui regroupe les matières classiques de l’ingénierie : mathématiques, chimie, mécanique, physique théorique, traitement des images et des signaux mais aussi management, gestion de projet, économie… Il y en a pour tous les goûts. Les cours de deuxième année sont majoritairement constitués d’électifs : à nous de choisir les matières susceptibles de nous intéresser en fonction de la voie dans laquelle on souhaite s’engager. Enfin, en troisième année, on choisit un parcours qui nous spécialise dans un domaine. Pour ma part, j’ai choisi le parcours OMIS : Organisation, Mathématiques et Informatique pour les Services, qui s’oriente principalement vers la gestion de projet en informatique. 
Les cours théoriques se déroulent en amphithéâtre et il y a des séances de travaux dirigés ou de travaux pratiques pour les mettre en application, dans de plus petites classes. Quelques fois, un partiel vient compléter l’unité d’enseignement en fin de semestre mais l’administration de Centrale Marseille s’oriente vers un système d’évaluation basé sur le contrôle continu. 

As-tu fait un séjour à l’international ? Des stages ?

Pour obtenir le diplôme d’ingénieur Centralien, il faut valider au moins six mois à l’étranger. Il y a plusieurs façons de le faire : semestre ERASMUS, double diplôme avec les universités partenaires de l’ECM, année de césure, ou travail de fin d’études à l’étranger. J’ai choisi d’effectuer un semestre universitaire en Argentine, dans la faculté de Córdoba. J’ai donc passé la deuxième partie de ma deuxième année à l’autre bout du monde.
De la même manière, pour obtenir le diplôme, il faut valider 28 semaines de stage. Au terme de la première année, on doit effectuer un stage ouvrier d’un mois minimum. Certains élèves choisissent de valider quelques semaines de stage entre la deuxième et la troisième année, mais ce n’est pas mon cas. Il me reste 24 semaines à effectuer, ce que je ferai lors de mon TFE (Travail de Fin d’Études), à partir d’avril jusqu’à septembre.

Qu’envisages-tu pour la suite ?

Je vais déjà faire mon stage de fin d’études, qui est plutôt orienté programmation/développement dans une entreprise de conseil et gestion en informatique. Rien n’est sûr pour la suite. L’avantage avec le diplôme d’ingénieur Centralien, c’est qu’on pourra toujours s’orienter vers quelque chose de différent si notre travail actuel ne nous convient pas. Je trouve que c’est très rassurant de ne pas être « condamné » à faire la même chose toute sa vie. En tant qu’ingénieur, on s’oriente vers des métiers qui sont susceptibles d’évoluer. Aujourd’hui, on n’attend pas seulement d’un ingénieur informatique qu’il passe ses journées à coder sans avoir son mot à dire, c’est un véritable chef de projet.

Vers quoi s’orientent tes camarades de promotion ?

Je crois qu’on est tous dans le même cas ! Peu d’entre nous savent où ils se trouveront dans 5 ans, et cela a un côté excitant. On a la chance d’avoir un énorme éventail de possibilités qui s’offre à nous. On peut choisir d’aller travailler dans quasiment n’importe quel pays du monde. L’un des gros avantages des ingénieurs centraliens est l’adaptabilité. 
A plus court terme, on est tous sur le point de commencer notre stage de fin d’études et en ce qui concerne les élèves qui ont choisi le même parcours que moi, leur stage est généralement orienté vers le conseil et la gestion de projet. 

Un conseil pour les Terminales qui souhaitent s’orienter vers une prépa scientifique ?

Comme j’en garde un excellent souvenir, je leur conseillerais évidemment de se lancer ! Attention, il faut quand même éprouver un minimum d’intérêt pour les maths et la physique et ne pas avoir peur d’y consacrer une bonne partie de son temps. Il faut être conscient de ses capacités et se fixer des objectifs réalisables, sans se sous-estimer. Par exemple, je savais très bien que je n’aurais pas pu intégrer une prépa très compétitive et très bien cotée, tout simplement parce que le mode de travail « je bosse pour écraser les autres » ne me convient pas. L’esprit de Fénelon, c’était plutôt « on bosse pour intégrer une école qui nous plaît ». 
Je visais une École Centrale, et je suis aujourd’hui à Centrale Marseille. Peut-être que j’aurais pu faire mieux, mais je préfère ne pas m’attarder sur les regrets et tirer le meilleur du parcours que j’ai suivi jusqu’à maintenant. C’est le conseil que je donnerais aux Terminales qui souhaitent s’orienter vers une prépa scientifique : ne pas avoir peur de se lancer, même si ça n’aboutit pas, il y aura toujours quelque chose de positif à tirer de l’enseignement reçu et du travail fourni.