Du BDE à la Silicon Valley, l’incroyable aventure de Damien Morin
A tout juste 25 ans, Damien Morin dirige une entreprise de bientôt 500 salariés, qui vient de lever 15 millions d’euros pour aller encore plus vite et conquérir de nouveaux marchés… C’est quand il était encore étudiant à l’ebs Paris que Damien a fondé Save, une start-up qui est aujourd’hui le leader de la réparation de smartphones et de tablettes en France. A peine trois ans après sa création, il revient sur cette success story made in France, son goût des nouvelles technologies, sa passion pour l’entrepreunariat, le quotidien d’une start-up… et prodigue de précieux conseils à qui voudrait se lancer dans l’aventure !
Pour ceux qui vivraient sur une autre planète depuis deux ans (ou qui ne cassent jamais leur portable), dis-nous ce que c’est que Save ?
Comment peut-on ne pas connaître ? Save, c’est une entreprise de réparation de smartphones et de tablettes électroniques, mais aussi d’ordinateurs, d’applewatch… En bref, nous sommes des spécialistes de la réparation de tous les objets connectés.
Ces objets connectés représentent une véritable révolution dans notre façon d’interagir avec notre environnement, dans notre travail comme dans nos relations sociales… en fait, dans tous les aspects de notre vie quotidienne ! C’est simple, on ne peut plus s’en passer. Malheureusement la casse est importante (12% par an) et on se retrouve vite désemparé sans son smartphone.
Ce que Save propose, c’est une réparation ultra-rapide (de l’ordre de vingt minutes), accessible à tous, et fondée sur la confiance. Chaque prestation est associée à un prix fixe et nous garantissons la réparation pendant un an pour éviter les mauvaises surprises. Je crois qu’on rend vraiment un grand service à nos consommateurs, et qu’on les sauve souvent d’une mauvaise situation… D’où le nom de la boîte, « save » !
Comment es-tu devenu ce super-sauveur ? Etais-tu un geek ?
Non, pas vraiment, mais c’est vrai que j’ai eu très vite un goût pour les ordinateurs. Mon père est ingénieur informaticien, donc je viens d’un milieu technophile ou « ordi-friendly ». Je tapais sur des touches de clavier avant de savoir écrire. Je suis loin d’être un génie, mais sous prétexte que je maitrisais Word et que je savais ce qu’il y avait dans le ventre de la bête, je me suis retrouvé très vite sollicité par mes amis et ma famille pour filer un coup de main. Par exemple, quand mes copains commençaient à faire des baby-sittings, de mon côté je réparais des ordis ! C’était plus marrant et plus rentable.
Et d’où est venu l’autre élément du mix ? Selon toi, on nait entrepreneur, ou on le devient ?
On le devient, c’est sûr! On parle souvent de vocation d’entrepreneur, mais ça ne veut pas dire qu’on porte ça dans nos gênes, c’est de l’acquis à 100%. Ça ne veut pas dire que tout le monde peut devenir Mark Zuckerberg, mais que le futur Mark Zuckerberg peut venir de partout.
Tu as fait tes études à l’ebs Paris, comment est-ce que ton passage en école t’a aidé à devenir entrepreneur ?
L’ebs Paris m’a apporté beaucoup de choses différentes. La première, c’est bien sûr le contenu pédagogique. Il y a tout un package de savoirs qu’il est indispensable d’acquérir si l’on veut monter une boîte. On y trouve du marketing, de la compta, de la finance, mais aussi du droit des contrats ou des cours de négociation. On se sert de ces outils tous les jours dans une vie d’entrepreneur, et c’est sûr qu’une école de commerce est le meilleur endroit pour les trouver. Les autodidactes de l’entrepreneuriat, cela existe, mais leur réussite est généralement plus rare et leur succès plus tardif.
A part les cours, qu’est-ce que tu as trouvé en école ?
Tout d’abord, une première expérience grâce au monde associatif. En fait, on peut dire que la première entreprise que j’ai dirigée c’était le BDE de l’ebs Paris. J’avais « listé » parce que j’aimais organiser des soirées, et me suis retrouvé à gérer une start-up qui pesait près d’un million. C’était énorme ! On était très libre quant à notre stratégie et notre communication. Résultat : à part quelques engueulades du directeur, on a surtout gagné en responsabilités et en compétences. Quand mon mandat s’est terminé, j’ai senti que je ne pourrais pas continuer mes études sans une autre activité à côté. Une semaine après, et avec l’aide financière d’un copain de promo, je créais Save my computer, qui deviendra Save.
Save a pu se lancer grâce à ce premier coup de pouce amical. Tu confirmes que le réseau est le nerf de la guerre ?
Sans doute, c’est essentiel. Et c’est encore quelque chose que j’ai trouvé en école de commerce. Le réseau de l’ebs Paris est important. Il y a celui des anciens élèves, mais j’étais en fait trop jeune pour être réellement en phase avec eux. Mes premiers associés, je les ai trouvés parmi mes amis et dans ma promo. Aujourd’hui, je dois avoir sept potes au moins qui travaillent avec moi. C’est normal, on fait bien plus facilement confiance à des personnes qu’on connait, qu’on a vus dans différents environnement, et qu’on sait fiables et travailleurs. Leçon de l’histoire, festoyer et se faire pleins de potes pendant votre vie étudiante est aussi important que d’aller en cours. Vous pourrez capitaliser plus tard sur ces relations et conduire des projets avec des gens en qui vous avez confiance.
Tu as été incubé, notamment par The Family, qu’est-ce que ça t’a apporté ?
The Family est connu pour être le plus gros incubateur de start-ups à Paris. L’incubation fait partie intégrante du réseau. Elle vous met en relation avec les meilleurs acteurs de l’entrepreneuriat et vous aide à trouver des financements. On se voit aussi offrir des cours intenses qui complètent les savoirs acquis en école en vous apprenant les codes d’un milieu nouveau.
Aujourd’hui, un téléphone français sur quatre est réparé chez Save. Comment imagines-tu le futur ?
Si tu me demandes si je cherche à vendre mon entreprise, c’est non ! On va continuer à se développer et on part vivre notre american dream dès septembre. Vous savez, monter sa boîte, créer un produit, c’est passionnel. Vous connaissez les cercles d’or ? Ça consiste à se poser trois questions sur sa boîte. Quoi ? Comment ? Pourquoi ? C’est souvent difficile de répondre à la dernière question. Mais pour Save, j’ai trouvé la réponse : créer un acteur leader dans le monde qui accompagnera les milliers d’acteurs connectés de demain.
Parmi nos lecteurs (à qui l’on souhaite autant de réussite), beaucoup seront un jour candidats aux écoles de commerce et devront passer des entretiens pour y entrer, puis des entretiens de recrutement en entreprise. Toi qui es maintenant de l’autre côté du bureau, quels conseils peux-tu leur donner ?
C’est difficile de recruter ! Au début j’avais beaucoup de mal à juger du profil des candidats. Puis j’ai lu un bouquin là-dessus : Who, The A Method for Hiring, de Geoff Smart. Je recommande à tous les candidats de le lire, ça les aidera à connaître la façon dont les recruteurs réfléchissent.
Quelles qualités valorises-tu particulièrement ?
J’aime les candidats qui sont assez sûrs d’eux. Ça ne veut surtout pas dire arrogants, mais on accorde plus facilement sa confiance à quelqu’un qui a confiance en lui. Pour cela, la répétition est le secret. On ne peut pas arriver en dilettante sans savoir quel discours tenir. Tout se prépare minutieusement. Votre miroir risque de devenir votre meilleur ami !